Réalisateur, scénographe VR

Vincent Ciciliato est chercheur et enseignant en Arts numériques à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. L’ensemble de son parcours de formation est caractérisé par une articulation forte entre laboratoires de recherche universitaires et centres de création artistiques, qui lui permet de s’initier à la programmation de dispositifs interactifs, et d’explorer sous l’angle de la recherche et de la production d’œuvres vidéographiques la notion de “glitch” et son rapport avec une esthétique du micro-mouvement.
À travers la fabrication d’espaces scéniques composites et de huis clos troublés, Vincent Ciciliato s’emploie à explorer certains traits symptomatiques d’un corps contemporain aux prises avec le sentiment de perte de soi. Ses figures, mécanisées, bouclées dans leurs déploiements gestuels, voire électrifiées à l’extrême, attestent à la fois de la capacité qu’ont les machines à affecter la nature temporelle des postures individuelles et leur existence relationnelle, ainsi que la manière avec laquelle elles contraignent le sujet dans un sentiment constant de dépersonnalisation.
Avec A remake of Saló, pièce vidéographique musicale et générative réalisée avec le compositeur Fabrice Planquette, en 2008, il engage de front une réflexion sur la technique en tant que système de cruauté, reprenant plusieurs motifs scéniques du film Saló ou les 120 journées de Sodome de Pasolini pour construire un théâtre allégorique où chacune des actions des personnages est émiettée en d’innombrables micromouvements visuels et sonores, témoins allégoriques de la machine programmatique qui en contrôle, de manière totalisante, l’activité individuelle.
Il poursuit ses recherches sur le geste contraint dans sa pièce Ordinary Compulsions, diptyque vidéographique réalisé en 2011 lors de sa première année au Fresnoy où l’intuition subjective de la répétition est interrogée dans son rapport conflictuel avec l’espace.
En 2012, Vincent Ciciliato initie une recherche sur le rapport symbolique au geste interactif, d’abord avec le projet Tempo Scaduto, inspiré de la mafia sicilienne, qui met en scène la brutalité et l’absurde banalité d’un geste (tirer sur une cible innocente et l’éliminer du récit) permettant paradoxalement au spectateur d’accéder au contenu narratif de l’œuvre, puis en 2017 avec la miniature interactive Le trouble d’Argos autour du regard du spectateur, et en 2018 avec Discursive Immanence où l’échange entre le spectateur et un personnage fictif interroge les rouages relationnels qui permettent la fabrication du discours.
Dans l’ensemble de ses travaux, comme dans sa dernière œuvre immersive en réalité virtuelle Il canto dei suicidi (Le chant des suicidés) en 2020 avec le compositeur Christophe Havel, la relation à la création sonore et musicale est fondamentale. Depuis ses premières pièces numériques, il réalise une large partie des environnements sonores de ses œuvre en abordant la relation son/image comme constitutive de leur dramaturgie. Parallèlement à son activité de vidéaste, il investit depuis le milieu des années 2000 le domaine musical en tant que compositeur et instrumentiste.
Pour aller plus loin : https://www.vincentciciliato.net