Scènes
Virtuelles

SCÈNES VIRTUELLES renouvelle l’expérience d’écoute des œuvres musicales du XXIème siècle en plaçant l’auditeur en immersion dans un environnement VR créé spécialement pour chaque œuvre.

ANALOG


« Vieux concept familier déjà à la science grecque et à la pensée médiévale, en l’Analogie se superposent Convenientia et Æmulatio. Comme celle-ci, elle assure le merveilleux affrontement des ressemblances à travers l’espace ; mais elle parle, comme celle-là, d’ajustements, de liens et de jointures. »

 

Michel Foucault – Les mots et les choses

ANALOG
2022 – 14′

Pour flûte, clarinette, saxophone, guitare, piano, 2 percussions, alto, violoncelle, contrebasse et dispositif électroacoustique.

Faisant suite à une série de pièces traitant de l’articulation et du geste dans une situation mixte (Eden), ANALOG se construit à partir de jeux de similitudes et en particulier de l’analogie dans une situation mixte associant un ensemble instrumental à un dispositif électroacoustique.

 

LES MUSICIENNES ET MUSICIENS

Marie-Bernadette Charrier, saxophone

Sylvain musicien proxima centauri

Sylvain Millepied, flûte

hilomi musicienne

Hilomi Sakaguchi, piano

Benoit musicien

Benoit Poly, percussion

Christophe musicien Proxima Centauri

Christophe Havel, électronique

 

Marie Ythier violoncelliste

Marie Ythier, violoncelle

Camille Havel, alto

Anne Gillot, flûte à bec/clarinette basse

Yin-Hue Poly, percussion

Jean-Luc Rocchietti, guitare

LE COMPOSITEUR

Christophe Havel

Christophe Havel

Après des études scientifiques et musicales à Paris et à Bordeaux, Christophe Havel choisit de s’installer à Bordeaux où il participe activement à la vie musicale, en particulier avec l’association Proxima Centauri dont il est membre fondateur et co-directeur artistique, et avec le Scrime dont il a repris la direction artistique en septembre 2011. Depuis 1991 il y enseigne la composition électroacoustique au Conservatoire à Rayonnement Régional.

Dans ses premières œuvres instrumentales – Oxyton (1991), Omotesis (1991), RamDam (1992), son écriture très expressive reflète la marque de l’expérience électroacoustique aussi bien dans le travail de la matière sonore – en particulier dans le détail de l’écriture morphologique – que par l’utilisation des technologies nouvelles aux différents stades de l’élaboration de l’œuvre.

Son œuvre associe alors très souvent un dispositif instrumental à un dispositif électroacoustique agissant en direct, comme dans S (1994) qui obtint le 1er prix au 6ème concours de composition électroacoustique de Braunschweig en 1995.

En réaction au caractère très expressif de ses premières œuvres, il oriente son travail vers la composition de structures dynamiques où les matériaux harmonique et rythmique jouent un rôle prépondérant et participent activement à la dynamique formelle, ce qui confère aux œuvres de cette période – IT ! (1998), ÆR [la danse] (1994), CINETIC (2000) – un caractère très plastique.

Plus récemment sa démarche s’est focalisée sur l’utilisation d’une grammaire gestuelle permettant d’appréhender le phénomène sonore dans sa globalité – Dissidences (2008), Eden (2009), XX (2010), XY (2010), que ce soit dans une situation instrumentale ou électronique. Dans sa série des métamorphoses, amorcée en 2000, il développe une écriture mettant en relation l’instrumentiste et l’ordinateur dans des structures ouvertes utilisant essentiellement des sonorités synthétiques. Dans cette perspective, il est l’initiateur d’une recherche au SCRIME (Studio de Création et de Recherche en Informatique et en Musique Électroacoustique) sur la captation du geste du percussionniste. En 2004 il est nommé chercheur associé au LaBRI (Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique).

Sa carrière de compositeur et de musicien électroacousticien s’accompagne de diverses expériences pédagogiques. Ainsi, de 1994 à 1998 il enseigne les esthétiques musicales contemporaines au Cefedem et de 1999 à 2004 il est chargé de cours en acoustique musicale à l’Université de Musicologie de Bordeaux III. En 2003 il est nommé professeur de composition à l’École Supérieure de Musique de Catalogne à Barcelone (esmuc) et de 2004 à 2011 il rejoint l’équipe professorale de Musikene, l’École Supérieure de Musique du Pays Basque à San Sebastian, comme professeur de composition électroacoustique.

LE RÉALISATEUR

Vincent Ciciliato

À travers la fabrication d’espaces scéniques composites et de huis-clos troublés, Vincent Ciciliato s’emploie à explorer certains traits symptomatiques d’un corps contemporain aux prises avec le sentiment de perte de soi. Ses figures, mécanisées, bouclées dans leurs déploiements gestuels, voire électrifiées à l’extrême, attestent à la fois de la capacité qu’ont les machines à affecter la nature temporelle des postures individuelles et leur existence relationnelle, ainsi que la manière avec laquelle elles contraignent le sujet dans un sentiment constant de dépersonnalisation.

Avec A remake of Saló, pièce vidéographique musicale et générative réalisée avec le compositeur Fabrice Planquette, en 2008 (co-production CITU/ARCADI), il engage de front une réflexion sur la technique en tant que système de cruauté. En reprenant plusieurs motifs scéniques du film Saló ou les 120 journées de Sodome (1975) de Pier Paolo Pasolini, il construit un théâtre allégorique où chacune des actions des personnages est émiettée, « glitchée », en d’innombrables micromouvements visuels et sonores. Des gestes en tant que témoins allégoriques de la machine programmatique qui en contrôle, de manière totalisante, l’activité individuelle.

Il poursuit ses recherches sur le geste contraint dans sa pièce Ordinary Compulsions, diptyque vidéographique réalisé en 2011 lors de sa première année au Fresnoy – studio national des arts contemporains de Tourcoing. En partant de son expérience personnelle du trouble obsessionnel compulsif, c’est l’intuition subjective de la répétition qui est interrogée dans son rapport conflictuel avec l’espace.
Par cette articulation tendue entre corps et espace, se noue ici un rapport étroit entre le sentiment de présence – où « être-là » – et l’éventualité de la disparition. Avec l’installation interactive Tempo Scaduto (Time over), réalisée également au Fresnoy, en 2012, en collaboration, pour le dispositif d’interaction, avec l’équipe MINT (INRIA/IRCICA/Lille 1), Vincent Ciciliato arpente les souvenirs de son enfance sur les terres siciliennes, au cours des années 1980, lors de ce que l’on nomme communément la « seconde guerre de mafia ». Un territoire partagé entre la possibilité de son occupation ludique et un contexte répété d’exécutions sommaires dans l’espace public. En reprenant les codes du jeu de tir d’arcade du type light gun shooter, Tempo Scaduto remet en scène la brutalité d’un geste (tirer sur une cible innocente et l’éliminer du récit), ainsi que son absurde banalité, mais qui, paradoxalement, permettra au spectateur d’accéder au contenu narratif de l’œuvre.

Ce rapport symbolique au geste interactif occupera une large partie de ses pièces ultérieures. En 2017, il réalise la miniature interactive Le trouble d’Argos, en collaboration avec le laboratoire Hubert Curien et les ingénieurs de TELECOM Saint-Étienne (Université Jean Monnet). L’interaction se cristallise ici autour du regard du spectateur. Par le déplacement de ce dernier, celui-ci découvre un décor miniature qu’il éclaire littéralement avec ses yeux. La miniature dévoilée par cette observation « active » et intentionnelle met en scène Argos, personnage mythologique possédant d’innombrables yeux, et dénommé à juste titre Panoptès, « celui qui voit tout ».
La relation directe au sujet de la scène interactive sera également interrogée dans le portrait Discursive Immanence, réalisé en 2018. « Oracle » technologique reposant sur l’échange dialogique entre le spectateur et un personnage fictif, l’œuvre interroge les rouages relationnels qui permettent la fabrication du discours. À partir de la supposition d’une reconnaissance vocale effective, le spectateur est amené, par un jeu de questions/réponses, à composer une relation logique entre les deux subjectivités mises en scène : la sienne, et celle du personnage qui se trouve face à lui.

Dans l’ensemble de ses travaux, comme dans sa dernière œuvre immersive en réalité virtuelle Il canto dei suicidi (Le chant des suicidés), réalisée en 2020 avec le compositeur Christophe Havel (production Art Zoyd Studio/SCAM), la relation à la création sonore et musicale est fondamentale. Depuis se premières pièces numériques, il réalise une large partie des environnements sonores de ses œuvres en abordant la relation son/image comme constitutive de leur dramaturgie. Parallèlement à son activité de vidéaste, il investit depuis le milieu des années 2000 le domaine musical en tant que compositeur et instrumentiste.

Vincent Ciciliato est également chercheur et enseignant en Arts numériques à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne. L’ensemble de son parcours de formation est caractérisé par une articulation forte entre laboratoires de recherche universitaires et centres de création artistiques. Après un D.E.A. en Arts numériques à l’Université Paris 8, il participe au post-diplôme A.R.I. (Atelier de Recherche Interactive) de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, où il se forme à la programmation de dispositifs interactifs. En 2010, il soutient sa thèse d’Arts plastiques à l’Université de Picardie Jules Verne, à Amiens, où il explore, par la production d’œuvres vidéographiques et une recherche analytique, la notion de glitch et son rapport avec ce qu’il désigne une esthétique du micro-mouvement. De 2010 à 2012, Il poursuit ses recherches au sein du Fresnoy – Studio national des arts contemporains.

Scènes Virtuelles – Une collection d’œuvres en VR par Proxima Centauri.

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